Visite de la ville de Québec

Bref aperçu de la ville

En ce dimanche matin, je continue avec la dérogation aux habitudes. Notre hôtel ayant changé de propriétaire dernièrement, il faut aller prendre le petit-déjeuner dans l'hôtel voisin et concurrent.

Je suis fin prêt pour profiter à fond des 6 heures à ma disposition pour visiter la ville. Parce que ça tient de l'instinct chez moi, je pars en direction du sud-ouest pour commencer. La vraie raison c'est que je souhaite débuter par la nouvelle ville avant de finir par la ville historique.

Lors de mes premières foulées, le style anglais est plutôt marqué dans l'architecture mais l'ensemble ne manque pas trop de caractère. Il s'agit surtout d'habitations individuelles ou collectives, parfois de lieux de culte comme St Dominique sur la Grande Allée Ouest.

 

Une muraille marque la limite entre les parties anciennes et modernes de la ville. C'est le seul cas sur le sol canadien désormais. Elle enserre le centre historique de la cité tel un ruban de 4,6km autour d'un écrin.

Non loin de là, sur la place George V, le manège militaire présente un style comparable qui serait davantage caractéristique d'un style allemand ou teutonique.

Parfois, l'architecture semble plutôt d'inspiration locale comme pour le Monastère des Ursulines, la 1ère école de filles en Amérique du Nord. Des écureuils peu farouches vaquent à leurs occupations à peu de pas devant ou derrière vous. Ce sont presque les seuls Québécois actifs à cette heure le dimanche matin ...

Plus loin et de l'autre côté de la fortification s'élève le Parlement qui rend hommage à l'Histoire du Québec. Il est décoré de deux sculptures en hommage aux amérindiens d'antan et de 22 statues des principales figures de la Province comme Champlain, Frontenac ou Wolfe (celui qui a défait les français). Il s'agit d'une assemblée provinciale distincte de celle de l'Etat. Elle compte 125 membres et a autorité en matière de santé, de justice, d'éducation ou d'immigration notamment.

Enfin, il y a cette église aux formes très géométriques et pointues, hormis une tourelle ronde.  

Depuis que je suis parti, une chose me frappe : c'est le nombre de maisons, d'appartements, de commerces ou même d'églises portant un écriteau "A louer" ou "A vendre" ! Au cours de ma première heure, je ne crois pas avoir marché plus de 5 minutes sans en voir au moins un.

J'atteins au final, le Parc des Champs de Bataille ou Plaine d'Abraham. Une anecdote raconte que l'appellation est associée à un éleveur de vaches, ami de Champlain, qui faisait paître ses vaches dans ce vaste endroit. Quant à l'Histoire, elle retient surtout la défaite de la France en 1759 face aux Anglais. Aujourd'hui c'est un vaste parc urbain de 108 hectares où les Québécois peuvent au fil des saisons se balader, faire du footing, du vélo, du roller, du ski de fond ou de la raquette.

Je décide de rejoindre l'avenue Ontario la plus au sud de cet espace vert et, pour ce faire, m'enfonce dans la neige au-dessus des genoux. Ca m'apprendra à faire du hors-piste. Ayant rejoint la rue-piste, je m'aperçois qu'il y a 3 couloirs : 1 pour les piétons et 2 pour les fondeurs. J'en croise d'ailleurs un à peine plus poli que les autres rares promeneurs. C'est mon accent français qu'ils ne comprennent pas ou est-ce que c'est la tendance des gens des grosses villes à devenir autistes ?

Fondeur sur l'avenue Ontario du Parc des Champs de Bataille

Quelques écureuils craintifs me confirment également qu'il reste de la vie sur la Planète Québec. Au bout de cette longue promenade, j'atteins un belvédère sur le Cap-aux-Diamants. L'occasion de me rendre compte que le St Laurent s'est déjà bien libéré de son carcan glacé et qu'il entraîne les scories hivernales dans sa course vers l'océan.

Vue sur le St Laurent

De là, s'amorce au pied de la citadelle une promenade sûrement rafraichissante et merveilleuse  à la belle saison : la Promenade des Gouverneurs. Il s'agit de passerelles aménagées s'ouvrant sur le fleuve, longues de 655 mètres au total et comprenant 310 marches.

Promenade des Gouverneurs

Dans le sens où je la parcoure, elle débouche sur la terrasse Dufferin : un balcon sur la ville basse et les environs. Elle est ponctuée çà et là de kiosques bicolores et permet de découvrir le Château Frontenac, l'emblème de Québec et un palace luxueux. Sur ma gauche, elle est clôturée par une piste de luge actuellement désertée.

Sans plus détailler la ville ancienne, j'emprunte la côte de la Montagne, corridor permettant d'accéder à l'autre partie moderne de la cité. Dans ce trait d'union entre les deux grands quartiers historiques (ville intra-muros et basse ville), s'est lové un long serpent blanc : la piste du Crashed Ice qui s'est tenu la veille. Le reptile a laissé à l'issue de sa mue une peau qui s'inscrira encore plusieurs jours dans le paysage.

Côte de la Montagne

Suivant ce fil conducteur, je débouche sur une petite placette aux maisons rappelant la lointaine Bretagne. Une façade est recouverte de la Fresque des Québécois, une oeuvre de 420m² figurant 15 personnages historiques différents (la plupart en dehors de mon cadre) au milieu de notre vie quotidienne.

J'enchaîne avec des visions plus proches de mes clichés sur la ville nord-américaine : les escaliers accrochés à la façade des maisons, ceux-là même de l'affiche du film de West Side Story. Sans être joli, c'est tout du moins curieux et dépaysant à mes yeux.

Immeuble avec échelle - rue du Sault-au-Matelot

J'atteins ainsi le Bassin Louise où se trouvent notamment le marché local et les gares. Le marché du Vieux Port propose tout un tas de produits gastronomiques et du terroir. Mais en cette saison, il laisse la vedette à l'érable et à ses déclinaisons. On pourrait se croire dans une ville de province tant la foule est clairsemée.

A quelques encablures à peine, la Gare du Palais regroupe à la fois le routier et le ferré. Le style est proche de celui du château Frontenac.

Gare du Palais

Pour revenir par un chemin ayant un peu plus de cachet que les sempiternelles ruelles commerçantes, identiques en tout point du globe, je me faufile dans un passage pour déboucher sur la rue Sous-le-Cap. D'un côté, les façades des immeubles, de l'autre, la falaise. Enjambant cette venelle étroite, une multitude de passerelles vous réservent une vraie haie d'honneur l'espace de quelques foulées à l'écart du monde et de son agitation.

Rue Sous-le-Cap

La partie historique me tend désormais les bras. Je m'y réfugie et m'y abandonne en commençant par la partie basse tant que je m'y trouve. Au loin, le funiculaire reliant les deux quartiers touristiques et de chaque côté, des maisons de 2 à 3 étages en briques ou en pierre de taille.

Rue Sous-le-Fort et funiculaire

Le coeur de la ville bat sur la Place Royale, là où débarqua un beau jour de 1608 le sieur Samuel de Champlain. Je dis "beau jour" mais si ça se trouve il pleuvait ... Il y installa la première "abitation", un poste avancé. C'est autour d'elle que se développa la cité, sur un emplacement déjà remarqué plusieurs dizaines d'années auparavant par Jacques Cartier. Québec vient de Kebek, un nom algonquin (une tribu indienne) signifiant "là où le fleuve se rétrécit". 1 seul mot là où on en met aujourd'hui 6, les conversations algonquines à table devaient être plutôt brèves ...

 Place Royale

En son centre, une statue à l'effigie du Roi-Soleil permet de mieux comprendre la provenance du nom de la place. Il s'agit désormais d'une copie car l'original a été rapatrié à Versailles.

Place Royale - Buste du Roi-Soleil

Non loin de là, s'étire une des rues les plus anciennes de la ville : la rue du Petit Champlain qui a souffert de maints destructions naturelles ou accidentelles au fil de l'histoire. Elle est bornée à une de ses extrémités par l'escalier Casse-Cou au nom révélateur. Dressé sur une pente très raide et constitué initialement de planches, il donnait lieu à bien des acrobaties involontaires.

A l'autre extrémité, la fresque du Petit-Champlain mêle, elle-aussi, histoire et modernité.

Fresque du Petit Champlain

Je finis la matinée en poussant de quelques mètres jusqu'à la batterie royale, fortification de la partie basse. En me retournant, j'aperçois le monument phare de la ville me dominant de sa splendeur.

Midi sonne, il faut que je trouve un restaurant où l'on me servira moins de questions que la veille et plus de mets. Dans le même temps, je ne souhaite pas gaspiller mon temps à table alors qu'il me reste des visites à effectuer. Mon repas est simple mais se termine par une véritable aventure culinaire pour moi européen : le gâteau à la carotte ! Ca rend aimable, ça donne des cuisses fermes mais surtout c'est drôlement bon et c'est bien ça le plus important. La douceur de la carotte fait que l'on ne ressent pas son goût par rapport à la sorte de gâteau au yaourt qui la contient. Je ne sais pas ce que disent Michelin ou le Routard mais je vous recommande l'expérience si vous en avez l'opportunité.

Pour le peu de temps qu'il me reste avant le rendez-vous à l'hôtel, j'en profite pour parcourir la ville haute et constater la proximité culturelle entre nos cousins d'outre-Atlantique et nous les "Camemberts" :

Exportation de produits

Il n'y a pas de doute, on descend bien du même ancêtre : l'homo revendicus, celui qui dans l'Histoire se mît le premier debout le point en l'air pour mieux exprimer ses revendications. Bon je n'ai peut-être pas retenu tous les détails de mes cours d'histoire, je l'avoue ... En tout cas, en pleine campagne électorale sur ce thème, je suis satisfait de voir que le "Made in France" (pardon le "Produit en France") s'exporte toujours aussi bien.

Pour l'anecdote, je vais revenir sur le sujet de la grève dans quelques lignes.

Franchissant cette grille, je pénètre dans l'enceinte de la dernière faculté restant au centre-ville : celle d'architecture. Pour le reste, je traverse la cour du Séminaire afin de rejoindre l'enceinte intérieure.

Vieux Séminaire

Atteignant la fortification, j'aperçois en bas les édifices de ma fin de matinée, le bassin Louise en tête. Il est curieux de constater qu'il reste bien gelé quand le St Laurent s'écoule librement. L'absence de courant y est certainement pour beaucoup mais n'empêche ... Au fond, il s'agit d'une cimenterie bénéficiant d'un éclairage multicolore la nuit. A mes pieds, la rue Sous-le-Cap et ses passerelles enjambant la venelle.

Canon surplombant le bassin Louise

A l'abri derrière ces murs imposants dominant le St Laurent, on peut comprendre le choix du site pour sa position quasi inexpugnable.

Un peu plus loin, mes pas me mènent dans un mini coin d'Irlande, avec sa croix gaëlique et ses petits immeubles pas très hauts mais assez austères.

 

Je passe encore devant deux portes sur le même modèle que celle de ce matin : les portes Kent et St Jean. Toutes trois sont les dernières qu'ils restent de nos jours.

De retour en plein centre, je passe au pied du seul gratte-ciel de la partie historique : l'édifice Price du nom d'une compagnie forestière.

Edifice Price

A se demander comment une telle idée a pu germer dans un esprit parce que je ne trouve pas qu'il s'agisse d'une grande réussite et que son apparence détonne un peu parmi des bâtiments bien plus bas. Aujourd'hui, une partie de ses locaux abritent la résidence du Premier Ministre.

En face, se dresse l'Hôtel de Ville toujours dans le style château.

Hôtel de Ville

Je termine la promenade-découverte là où je l'avais commencée : rue Saint Louis devant un restaurant surtout intéressant pour son toit rouge paraît-il traditionnel.

Restaurant de la rue Saint Louis

L'heure du rassemblement a sonné, je rentre à l'hôtel où Gilles doit nous récupérer. Ce faisant, je fais la connaissance de F. qui partagera avec moi un guide pour le traineau. Lui connaît déjà l'entreprise et la région du Lac St Jean où nous allons nous rendre car il est déjà venu jouer les trappeurs en été, en canoë. Maintenant, place à la découverte du mode de vie trappeur en hiver. (Humhum !) Pour moi, c'est un second départ pour ce voyage, celui où mon désir de pratiquer du traineau à chiens va devenir une réalité !

Nous marquons une halte dans un second hôtel où nous récupérons le "Club des 5". C'est bizarre : la fille du groupe était assise à côté de moi hier dans le vol transatlantique. Et nous terminons à la gare routière du Palais pour récupérer notre guide. C'est parti ! Hélas, les rues que nous souhaitons emprunter sont barrées par une manifestation étudiante (d'où la pancarte plus haut) contre le bond astronomique des frais universitaires : 4000$CAN/an. Nous allons perdre une heure dans l'affaire avant de pouvoir nous extraire de la cité.

Nous  franchissons le bouclier canadien puis attaquons le Parc des Laurentides. Nous gagnons en altitude, sommes parfois entourés de lacs mais surtout de la forêt boréale. Elle se compose d'un mélange d'arbres à feuilles caduques (mélèzes, bouleaux) et d'arbres à feuilles persistantes (épinettes, pins et épicéas). De part et d'autre de la chaussée, des barrières à orignaux sont dressées dans certaines zones pour prévenir des accidents.

Nous marquons une pause dans la seule grosse aire de la route. Les nuages filent sur les cimes des arbres sans s'y arrêter, sans se laisser accrocher. Après tout, leur vie est courte alors autant courir la terre vers de lointains horizons en laissant de-ci de-là un présent nourricier sur leur passage. Au contraire, je profite de l'instant et de cette pause pour détailler l'endroit et contempler un panneau routier inhabituel pour moi.

 

A l'image des nuages, nous reprenons notre course vers le nord, vers le lac St Jean, une étendue aujourd'hui gelée, bordée de bourgades et saupoudrée d'îles.  Nous le contournons par le sud et l'ouest avant de filer sur Girardville. A l'intérieur, nous suivons un cours de québécois en visionnant des sketches de comiques.  Entre l'accent et le vocabulaire du cru, je comprends parfois moins que les langues étrangères. Mais j'apprends le terme de "moumoune" qui va consteller la suite du voyage.

Peu avant 19h, nous nous arrêtons à Girardville pour découvrir une seconde spécialité d'ici : la poutine. Il s'agit de frites avec du fromage et une sauce; plat que vous pouvez enrichir avec de la viande par exemple. Mais le fromage est d'origine nord-américaine donc il n'est pas affiné en cave pour resté poli. Perso, je ne suis pas extrêmement adepte. Les Belges ne seront pas rattrapés demain !

Pour les 9 derniers kilomètres, une grande partie du trajet est effectuée sur piste. Nous sommes déposés dans notre habitation où nous retrouvons S., une individuelle en séjour multi-activités (raquettes, motoneige, traineau à chiens). Notre véhicule repart et passera demain matin nous prendre. D'ici là, repos. Le nom des chambres est sympa à l'étage : chacune est baptisée avec une saison. Et je couche dans l'hiver.

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